A propos

Ce texte j’ai commencé à l’ écrire à l’origine sur un blog spécial anniversaire de mes 50 ans (je suis né en 1960), où j’avais invité amis et famille  dans une salle de l’espace culturel pour partager entre autre mon goût pour le rugby puisqu’en « apéritif » de la soirée, je leur avais offert une séance spéciale du film « Invictus » dans la salle de cinéma. Depuis je l’ai modifié et actualisé au fur et à mesure, mais le titre reste toujours le même et même si pour le moment je reste « bloqué en Nouvelle Zélande »

Le rugby émoi

Et oui, ceux qui me fréquentent un peu ou beaucoup, connaissent mon attirance, compulsive, boulimique pour le rugby. Le rugby a une importance dans ma vie.
Elle date de longtemps, et j’ai forcément envie de vous en parler un peu, beaucoup…
Je n’ai pas eu le choix, je suis né à Agen, même si je n’ai pas vraiment fréquenté cette ville hormis, mes premiers noëls, mais mon frère aîné lui aussi né à Agen, m’a « transfusé » tout petit ce soutien indéfectible à cette équipe de rugby d’Agen.
Dans le jardin (Pays Basque 15kms de Bayonne) nous jouions au rugby à deux, et les ballons partaient fréquemment chez le voisin, qui fâché avec mon père, ne nous les rendait pas. Ma mère, institutrice oblige, nous avait commandé sur le catalogue Camif un lot de ballons de rugby spécial « collectivité », pour qu’on ait toujours un ballon à disposition pour exercer notre jeu rugby à 2. Oui je sais, il n’existe que le rugby à 15, 13, 7 mais nous, nous pratiquions le rugby à 2. Pour la petite histoire, de nombreuses années plus tard, le fils du voisin venu vider la maison de son père décédé, nous appela, et à notre grande surprise, nous avons retrouvé tous nos ballons au fond de son garage…
Et si l’époque autorisait des gabarits ordinaires au rugby, on peut dire que mon gabarit de l’époque était extraordinairement…petit et malingre.

Donc nous suivions dans les années 60, 70 l’épopée de l’équipe d’Agen, alors même que nous habitions au Pays Basque. Au moment des phases finales, nos parents nous amenaient parfois voir notre équipe favorite ; j’ai souvenir de déplacements pour des huitièmes ou quarts dans les villes de Pau, Tarbes et peut être aussi Dax et Auch.

Dès la sixième, interne au lycée Marracq de Bayonne, j’ai commencé à fréquenter et « copiner » avec des élèves landais pratiquant le rugby. Les rugby soustonnais, dacquois,  tyrossais, avaient élargi mon univers rugbystique. Certains pratiquaient le rugby à un haut niveau (équipe de France junior). L’un d’entre eux après avoir été le « Codorniou » du lycée, est devenu entraîneur (top 14, puis en pro D2)
Mais Agen restait mon équipe préférée et de loin, malgré mes copains qui commençaient déjà à jouer dans les équipes première citées plus haut.
Et puis j’ai commencé dans la fin des années 70 à aller supporter l’équipe de l’Aviron Bayonnais avec mon copain Jean Luc moins talentueux que d’autres ayant joué en club. Mais tout comme c’est le dernier que je revois régulièrement, c’est probablement le dernier qui continuait à jouer au rugby, régulièrement, les 50ans passés.
Nous avons vécu les matchs à Jean Dauger, les cars de supporteurs, et tout ce qui va avec….
Les années 1981-1982 furent des années « fortes ».
Septembre 1981, je réussis enfin le concours de l’école normale.
29 Mai 1982, je prends pour la première fois de ma vie l’avion pour aller assister à l’évènement le plus « crève coeur » de mon histoire rugbystique avant la finale du 23 octobre 2011 à Auckland.
Pourquoi l’avion? Depuis le début de ce mois de mai de 82 je suis en stage en responsabilité dans une classe.
J’ai décidé d’aller pour la première fois de ma vie assister à la finale …. Agen-Bayonne. Travaillant le samedi matin,  je suis dans l’obligation de prendre l’avion en tout début d’après midi à Mérignac pour pourvoir me rendre à temps au Parc des Princes car la finale avait lieu dans le milieu de l’après midi à cette époque là.
Donc cette finale eut un goût amer pour moi, puisque mes deux équipes préférées se confrontaient, et que, ayant malgré tout choisi de supporter l’aviron, je ne pus donc pas apprécier la victoire d’Agen.
Notez, grâce à cette vidéo  que c’était la première fois depuis plus de vingt ans qu’un président de la république se rendait à la finale. L’essai était encore à 4 points. Le commentaire a la TV était fait par Roger Couderc. Il prendra sa retraite l’année suivante, et mourra très vite après (1984). Cf ce reportage      
Cf finale 1943
En 1984, devant ma télé, je soutenais Agen face à Béziers. ce fut le dernier titre de Béziers et la seule finale qui s’est terminée aux tirs aux buts (voir vidéo)
J’en fréquenterai ensuite pendant mes études à Bordeaux de ces agenais, finalistes malheureux en 84, l’un jeune bourreau de l’Aviron en 82 pas encore sa première des 111 capes, l’autre pas capé mais Capot, fin musicien, fin dessinateur, devenu géologue (quand le rugby sublimait les diplômes)  

En 1987 ce fut la première coupe du monde qui a mon sens a modifié quelque peu l’esprit du rugby, puisque cette coupe du monde devient l’objectif suprême et occulte toute la symbolique des tests matchs. Copier ce qui existait dans le foot, vouloir mondialiser le rugby, alors que je reste persuadé qu’il y a le rugby du nord et le rugby du sud et qu’il est vain de vouloir les comparer et de les faire se confronter aussi souvent puisque dans tous les cas il y aura décalages de saisons (climatique et sportive) bien plus « influents » qu’en football. Même si justement la coupe du monde est sensée niveler ces problèmes liés à une saison qui se termine pour les uns et qui démarre pour les autres (tournées d’été et d’automne). Le tournoi et le tri nations (heu non, le Rugby Championship), restent les compétitions les plus intéressantes. La coupe du monde  permet au mieux aux petites équipes de mieux exister, car mieux aidées et préparées (quand il n’y a pas d’affiches trop déséquilibrées qui font craindre un accident du type « Max Britto« ) et donc d’être mieux considérées (avec des matchs rapprochés en semaine quand même) . Elle permettra aussi à une équipe qui perd deux fois en poule, qui en demie contre une équipe réduite à 14 les 3/4 du match, bénéficie de la faillite d’un buteur réputé infaillible même de loin  (à 4 minutes de la fin , Halpenny, il réussit la même du même endroit avec un vent tourbilonnant le 3/01/2015 lors du match Montpellier Toulon), de faire douter et de tenir tête jusqu’au bout à la meilleure équipe du moment en finale.


2010 aura été un grand cru:  l’année du visionnement d’un match de rugby en 3d au cinéma et de la victoire, enfin!, de Clermont pour sa onzième finale.
Ce sera aussi l’année ou Béatrice qui ne connait ni mes contraintes de calendrier professionnel, ni le calendrier de la future coupe du monde, décrète le jour de mon anniversaire, qu’elle veut réaliser mon rêve d’être en Nouvelle Zélande au moment de la coupe du monde l’année suivante. Ce qui  était impossible pour moi pour plusieurs raisons devient possible exactement un an et 45 jours plus tard.

2011 et plus particulièrement les mois de septembre et d’octobre sont des mois qui resteront les plus forts dans ma vie de supporter et d’amateur.
Le 3 septembre au lendemain de mon anniversaire, j’assiste à Chaban Delmas, au match UBB Bayonne. L’UBB joue son premier match de top 14 à Chaban, car il vient de remonter en top 14. Moi je viens avec des amis supporters de l’UBB, mais je cache pas mon soutien de coeur pour l’aviron. Au cours de la seconde mi temps, je subis une conversion miraculeuse 🙂 L’ambiance, le coeur de cette équipe de l’UBB me transformera instantanément en fidèle supporteur de l’UBB (cf vidéos)
Le 15 octobre, ce que je croyais donc un rêve fou devient une réalité. Je m’envole de Bordeaux à 16h50 pour aller vers la Nouvelle Zélande (arrivée le 17 octobre 10h heure locale).
Nous allons passer deux semaines dans le pays de mes rêves, le pays des blacks et de leur rugby que j’aime tant. Mon intention est de vivre dans ce pays au moment où son coeur battra pour son équipe de rugby que je veux voir gagner la coupe du monde dans son pays.
Je pars le jour où la France vient de se qualifier péniblement contre les gallois, mais ma seule contrariété du voyage est de ne pas arriver à suivre dans de bonnes conditions le déroulement du match NZ Australie, lors de l’escale à Hong Kong sans compter la peur de les voir rater la dernière marche (cf Brésil 2014)
Notre voyage a prévu donc de passer par Auckland au moment de la petite finale (j’avais des places, et j’y espérais la France) et de la finale (vivre l’évènement au coeur de la ville).
Forcément, cette équipe de France imprévisible a considérablement modifié « mes plans ».
J’étais parmi la poignée de supporteurs qui l’accompagnaient lors ses sorties et arrivées à l’hôtel (le mien était juste à côté), et le chauvinisme malsain de la presse NZ (avec la complicité d’anciennes gloires) avait considérablement diminué mon envie de voir l’équipe de France battue par des Blacks indiscutables jusqu’alors.
Le match et l’avant match Australie Galles, fut un grand moment de fête et de partage. Je me suis fait prendre en photo avec Pierre Villepreux devant un bar jouxtant le stade, par des Néo Zélandais qui venaient de se faire prendre en photo à ses côtés.
Le lendemain et le jour de la finale, seront des grands moments d’émotion. J’écoute en décalé, via le web toutes les émissions radio qui parlent de l’évènement (RMC en particulier)
J’accompagne la sortie des joueurs vers le bus, et nous filons ensuite vers une des Fan zone la plus proche de notre hôtel.
Nous assistons donc parmi les supporters aux hymnes, (le français est copieusement sifflé), au haka. Béatrice qui se désintéresse du rugby se met brusquement à se passionner et à vouloir brusquement tout comprendre des règles du rugby! Comme elle n’y voyait pas bien, lors du replay de l’essai, comme la foule en délire hurle à nouveau, elle est persuadée que les blacks viennent de marquer à nouveau.
A la mi temps, c’était prévu, mais là ça devient presque une nécessité, nous rejoignons l’hôtel, il ne manquerait plus que la France gagne, on n’en sortirait pas vivants, tellement on est seuls sur cette fan zone là, et tellement cette victoire semble indispensable pour leur pays.
Je m’installe confortablement devant la TV avec via le web, les commentaires de RMC légèrement en avance. Indéniablement si j’aime  pouvoir vivre l’ambiance des stades et des matchs, la réalisation télévisuelle d’un match de rugby
l’accompagnement des commentaires, le « avant-après » sont un vrai plus pour moi.
Même si la tournure du match me faisait finalement espérer une victoire inespérée d’une bonne équipe de France, je ne regrette pas la victoire des blacks tellement notre deuxième semaine fut paisible avec des habitants respectueux, bien moins arrogants (y compris la presse) conscients qu’ils étaient passés près de la catastrophe nationale.
Dans mon blog de voyage, le soir même j’écrivais:

Enfin ils l’ont fait, devant une bien belle équipe de France!

IL y a plus d’un an, je ne risque pas de l’oublier, Béatrice me tendait une enveloppe pour mon anniversaire dans laquelle elle me signifiait son envie de voir mon rêve se réaliser.
Cette journée d’aujourd’hui a été mémorable. Tout était parfait, et j’ai vu un match en tout point mémorable. Les blacks ont gagné c’était l’essentiel, mais devant une bien belle équipe de France.
Ici ils en avaient tellement besoin…. Ce pays ne vit que pour le rugby, et ses moyens financiers sont limités.
Plus jamais une coupe du monde ne sera organisée ici, j’ai vécu la dernière, elle fut bien belle…
Enfin, et surtout je vais vivre une deuxième semaine de vacances beaucoup plus sereine et joyeuse.
Auckland, 23h45 

Bien sûr d’autres moment du séjour ont aussi été consacrés à certains pèlerinages rugbystiques (stades, coupe bledisloe cup, Trophée Webb Ellis) et l’observation quotidienne de cette population. Deux frères maoris en tenue? au sortir d’une église, en train de se lancer des chandelles haut dans le ciel, reste un souvenir fort de cette culture où le rugby a une place de choix.

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